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Le dictionnaire de politique


Post-vérité


"Polémiques, faits divers, images-choc, voyeurisme, micro-trottoir, téléréalité. À l'ère du multimédia, nous assistons au triomphe de l'émotion. Le pouvoir médiatique s'impose en faisant vibrer la sensibilité au rythme haletant de stimulations sonores et visuelles qui produisent une véritable addiction collective aux émotions. Le pouvoir politique joue sur les mêmes ressorts. S'il est vrai que l'émotion est le cheval de Troie de la manipulation, cette débauche d'excitations sensorielles soulève des enjeux éthiques majeurs. Quand nos émotions sont dévoyées, ce sont nos jugements de valeur qui se trouvent pervertis."
Pierre Le Coz - Le gouvernement des émotions et l'art de déjouer les manipulations, 2014


Définition de post-vérité


Etymologie : traduction de l'anglais post-truth, terme apparu dans l'ouvrage de Ralph Keyes, The Post-Truth Era paru en 2004. Composé de l'adverbe latin post, après, ensuite, depuis, et de vérité, du latin veritas, la vérité, le vrai, l'existence effective.

Le terme post-vérité décrit une situation dans laquelle il est donné plus d'importance aux émotions et aux opinions qu'à la réalité des faits. Son utilisation a connu une explosion en 2016 avec le référendum du Brexit au Royaume-Uni et l'élection de Donald Trump aux Etats-Unis. Principalement utilisé en politique, il peut s'appliquer dans d'autres domaines : marketing, management.
    Exemple fréquemment cité pour illustrer l'émergence de l'ère post-vérité : la déclaration de Colin Powell (général et secrétaire d'Etat américain) le 5 février 2003 à l'ONU, où il apporte des "preuves" (reconnues comme fabriquées par la suite) de la production d'armes de destruction massive par l'Irak.
La notion de post-vérité s'appuie sur l'idée selon laquelle il est plus facile de façonner et d'infléchir l'opinion publique en jouant sur les émotions et la démagogie que de s'appuyer sur des faits avérés.

Elle est souvent utilisée pour caractériser certains discours électoralistes faisant appel à l'émotion, en ignorant les faits, mais surtout pour montrer l'influence des réseaux sociaux et d'Internet sur le choix des électeurs. Les médias traditionnels ne sont plus la seule source d'informations. Accusés d'être la voix des élites et de cacher la vérité, ils ont perdu la confiance des internautes qui préfèrent se tourner vers les "informations" dont les réseaux sociaux les submergent et qui sont considérées comme plus crédibles car relayées par une personne de notre entourage, réel ou numérique. Contradictoires, sorties de leur contexte ou parfois mensongères, ces informations ne sont pas analysées par manque de temps, de moyen ou de volonté de le faire, faisant passer au second plan l'exigence de vérité dans le débat public au profit des émotions et des croyances.

La notion de post-vérité ne fait cependant pas l'unanimité. En effet, les mensonges, les détournements de vérité et les fausses informations existaient en politique bien avant l'ère du numérique. Pour Paul Jorion, anthropologue et essayiste belge : "La notion de post-vérité est beaucoup trop floue pour servir de concept, parce qu'elle renvoie à des manifestations très diverses des pathologies qui peuvent affecter la révélation de la vérité scientifique et que l'agnotologie, production délibérée du mensonge, couvre des cas trop nombreux et trop hétérogènes." (Idées, 07/04/2017)

Publié le 30 avril 2017



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