
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
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Suggestions aux partis de gauche pour combattre le FN
Les tentatives de diabolisation et de marginalisation du Front national, telles qu'elles sont pratiquées par la classe politique depuis l'apparition de ce parti en 1972, se sont révélées jusqu'à présent contre-productives. Les électeurs du FN ne sont plus sensibles aux campagnes de moralisation venant des partis de gouvernement ("UMPS" selon la terminologie frontiste). En effet, à leurs yeux, les hommes qui les représentent se sont largement décrédibilisés depuis des décennies sur le plan de l'intégrité et de la morale politique. Le combat contre le Front national visant à le diaboliser par des jugements moraux portés dans l'absolu doit céder la place à d'autres formes de luttes différentes, plus proches de ce qu'attendent les français de leurs hommes politiques.
Au sein de la gauche
Faire son autocritique :
Pourquoi, au premier tour de l'élection présidentielle de 2012, Marine Le Pen a-t-elle obtenu ses meilleurs scores chez les ouvriers (29%), catégorie sociale historiquement ancrée à gauche ?
Pourquoi avoir délaissé les classes populaires et "la France d'en bas" et s'être désintéressé de leurs difficultés ?
Pourquoi avoir joué avec le feu en laissant se développer le FN dans le but d'affaiblir l'UMP ?
Cesser d'invectiver des personnes d'autres partis de gauche
La priorité est de se battre sur les idées et sur les programmes. S'en prendre aux individus est stérile et porteur de déconvenues électorales futures. Un électeur d'un parti dont les dirigeants ont été vilipendés ou raillés par ceux d'un autre parti de gauche a toutes les chances de rester chez lui le jour où un second tour d'élection nécessiterait de voter pour cet autre parti.
Lutter contre l'abstention
Les capacités de mobilisation de la droite et de l'extrême droite sont plus fortes qu'à gauche où les électeurs semblent plus enclins à ne pas se déplacer dans les bureaux de vote lorsqu'ils ont été déçus par un parti socialiste qui n'applique pas son programme et qu'ils sont fatigués de le voir défendre les intérêts du patronat et du monde de la finance au détriment de ceux des salariés.
Même s'il en coûte, il est préférable de voter pour le candidat que l'on considère comme le "moins mauvais" que de s'abstenir. S'abstenir revient à donner une voix supplémentaire à celui qui est le "pire des candidats" et surtout trahir ceux qui se sont battus pour ce droit.
Quant aux candidats, pour mettre toutes les chances de leur côté, ils ne doivent pas détourner les élections de leur enjeu réel : local, régional, national ou européen selon le cas.
Sortir du système libéral mis en place par la droite et le courant social-démocrate du PS
Le développement des inégalités, l'augmentation de la pauvreté et de la précarité, ainsi que la montée du chômage ayant accompagné le libéralisme auquel se sont ralliés la droite et la gauche "de gouvernement" ont fait le lit du Front national. Le FN a pu et a su canaliser le mécontentement des classes populaires et moyennes par un discours populiste et la désignation de boucs-émissaires, discours classique de l'extrême droite. Pour inverser cette tendance, il faut changer de politique, c'est-à-dire appliquer une véritable politique de gauche.
Vis-à-vis du Front national
Pratiquer l'empathie pour mieux comprendre les électeurs du FN
Utilisées depuis l'émergence du FN dans les années 1980, les attaques moralisatrices contre son électorat et les arguments anti-fascistes se sont avérés inefficaces. Pour comprendre la montée du FN, il n'est pas suffisant de le faire avec la seule grille d'analyse du bord politique auquel on appartient. Il faut aussi se placer du point de vue de ceux qui le rejoignent (c'est-à-dire avoir une vision empathique). Une telle attitude permettrait de mieux comprendre ces électeurs et de trouver de nouvelles parades qui auront davantage de chance d'être efficaces.
- Comprendre leur désillusion face à l'inefficacité des gouvernements "UMPS" successifs.
- Comprendre leur envie d'essayer une autre voie politique (le FN) puisque ni la gauche ni la droite classique n'ont su apporter des réponses concrètes à leurs problèmes.
- Comprendre leur révolte contre les situations injustes et leur sentiment d'avoir parfois moins de droits qu'un immigré en situation irrégulière.
Attaquer le programme Front national sur le fond
Le Front national traite dans son programme des vraies difficultés que rencontrent les français, mais il y apporte des réponses souvent simplistes. Il faut davantage mettre en avant les incohérences et l'irresponsabilité de son programme politique et les risques qu'il ferait courir à notre pays.
Face à des électeurs beaucoup plus individualistes que solidaires, il importe de montrer, à l'aide de cas concrets, que les solutions proposées par le FN conduiraient à une aggravation de leur situation personnelle et familiale.
Lutter contre les campagnes de désinformation
Il faut dénoncer toutes les informations erronées qui circulent dans la mouvance du FN sur la sécurité, sur les immigrés ou sur la supposée générosité de la France à l'égard de ceux qui y vivent illégalement.
Neutraliser le fonds de commerce du FN, sécurité et immigration
Les sujets dont s'est approprié le FN et que nos hommes politiques n'osent pas aborder ne doivent plus être tabous.
Pour avoir une chance de contrer le FN, la gauche doit faire sortir du débat médiatique les questions de sécurité et d'immigration en ayant une position claire et humaniste, mais ferme sur le sujet et ainsi couper l'herbe sous le pied du FN (ainsi que de la droite classique). Cela permettrait de focaliser l'attention sur les enjeux économiques et de répartition des richesses, terrain sur lequel il sera plus facile de rivaliser avec le parti d'extrême droite.
Pierre Tourev, 05/11/2013
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