
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
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Sortir du cercle vicieux du capitalisme
Guerre, austérité, hyperinflation, redistribution des richesses ou meilleure répartition du travail ?
La crise n'en finit pas de rebondir et de faire exploser les bulles artificielles. Les "marchés", les banques et le système capitaliste dans son ensemble viennent de s'apercevoir qu'à force de prôner la croissance pour la croissance, dans le but de faire toujours plus de bénéfices, ils ont encouragé les Etats et leurs ressortissants à s'endetter au-delà du raisonnable.
"La Cigale, ayant chanté
Tout l'été,
Se trouva fort dépourvue
Quand la bise fut venue."
L'équation actuelle du capitalisme est insoluble :
- faire toujours plus de gains de productivité en réduisant les coûts de personnel.
- produire toujours plus pour vendre plus et "faire de la croissance".
Cette équation oublie que les coûts de personnel que l'on réduit dans le premier terme de l'équation sont aussi les salaires, donc le pouvoir d'achat, dont on a besoin dans le second terme.
C'est l'endettement, que ce soit au niveau des Etats ou au niveau des ménages, qui permet de résoudre cette incohérence. Mais vivre à crédit, en gageant le futur, n'a qu'un temps. Votre boucher ne vous fera pas éternellement crédit. Un jour ou l'autre, il faut bien payer l'ardoise avec les intérêts. C'est le message que les "marchés" ont envoyé à la Grèce, au Portugal, à l'Espagne…
Le retour à la dure réalité a un nom qui ne veut pas s'afficher : l'austérité ou la rigueur, si vous préférez.
Cinquante ans d'austérité ! Il faudrait bien ça pour solder les milliers de milliards de dettes accumulées un peu partout dans le monde. Les "marchés" l'ont bien compris et ont réagi immédiatement en spéculant à la baisse. En effet, l'économie est menacée de s'étouffer car le second terme de son équation serait compromis par un reflux de l'endettement et la contraction des salaires disponibles. Cette dernière devrait continuer si l'on poursuit la course effrénée aux gains de productivités afin de maintenir, voire développer la rémunération du capital.
Quels sont dans ces conditions les différents scénarios qui s'offrent à nous :
- la guerre. C'est un procédé classique permettant de relancer l'économie par la reconstruction, au moins pour les survivants ;
- cinquante ans d'austérité pour réduire de 1000 milliards d'euros la dette française qui s'élève à plus de 1500 milliards ;
- l'hyperinflation (cf article L'inflation comme scénario possible de sortie de crise) ;
- une redistribution des richesses produites au profit du travail, au détriment de la rémunération du capital, le tout associé à une régulation forte des marchés financiers et des banques ;
- une meilleure répartition du travail. Le travail devient plus rare à cause des gains de productivité. Les nouveaux produits innovant censés compenser cette diminution du volume de travail nécessaire et augmenter le niveau de vie se heurtent à la non extensibilité de la durée de la journée. On commence à le sentir avec la baisse du temps passé devant la télévision au profit d'Internet ou d'autres moyens de communication.
Une meilleure répartition du travail pourrait être obtenue si l'on encourageait tous ceux qui ont les moyens de vivre sans travailler à sortir du salariat. L'incitation se ferait par un alourdissement de l'impôt sur le revenu pour encourager ces personnes à quitter leur emploi et laisser leur place à ceux qui n'en ont pas. Ce surcroît d'impôt pourrait être utilisé pour réduire l'endettement. La recherche de la croissance pour elle-même ne serait plus nécessaire. L'effort de la collectivité pourrait être alors orienté vers le développement humain, vers l'éducation, la santé…
Guerre, austérité, hyperinflation, redistribution des richesses, meilleure répartition du travail...
Aurons-nous le choix si nous ne nous mobilisons pas ?
Pierre Tourev, 07/06/2010
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