
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
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Restauration de la Nature
La loi sur la restauration de la Nature occupe le Landerneau européen ces jours-ci.
Des financiers, des industriels, de grands agriculteurs estiment que l'écologie a suffisamment restreint leurs opérations et qu'il faut arrêter ce mouvement qui rogne leurs profits. Des politiciens comme Macron et De Croo ont soutenu cette idée. Aux Pays-Bas, le parti paysan gagne des voix avec ce discours.
Cependant, les mots le disent, la restauration de la Nature implique que la Nature a été détruite; il faut le dire, certes, dans des objectifs d'efficacité humaine. Des rivières et des fleuves ont été modifiés pour permettre la navigation et des barrages ont été érigés pour garantir des réserves d'eau. Des forêts ont été coupées à ras et des haies ont été abattues pour rendre le travail des hommes plus rentable. Des champs immenses ont été ensemencés avec des espèces uniformes, qui, pour produire plus de nourriture, ne combattent plus les nuisibles eux-mêmes, il faut des pesticides.
Le résultat est qu'une petite partie de la population fournit une nourriture bon marché aux autres. Nous avons tous profité des efforts des agriculteurs (et surtout des industries alimentaires) pour réduire le prix de nos assiettes. Nous avons développé des luxes qui agressent encore plus la Nature. Des voyages en avion et en bateau. Une longévité anormale (dont j'abuse). Une nourriture peu chère.
Mais, voilà, toutes ces atteintes à la Nature ont pris une telle ampleur, qu'elle n'est plus capable de fournir les services qu'elle nous a rendu. Nous le vivons sur tous les fronts. L'épidémie de Covid a été un premier grand coup de semonce. Les chaleurs en 2003, puis en 2020, 2022 et cette année sont menaçantes. Les sécheresses et concomitants, les feux de forêts dans le Sud de l'Europe et dans nos Hautes Fagnes, les inondations que nous avons subies en 2021, et que Ravenne (Italie) et Namur ont subi cette année, nous rappellent la furie de la Nature d'avoir été trop abusée. La moitié des insectes a disparu en 30 ans; sans changements profonds, nous perdrons l'autre moitié dans les 30 années qui viennent.
En face de ce constat, nous sommes entrés dans une guerre de religion : les adeptes du dieu Euro n'acceptent aucune atteinte à leurs sacro-saints profits. Ils refusent de comprendre qu'ils sont la cause de la merde dans laquelle nous vivons maintenant.
Ils ont créé des fortunes grâce à l'extractivisme à outrance. Maintenant qu'il faut réparer, que nous parlons de restaurer la Nature, ne devrions-nous pas exiger des financiers, des banques, des Danone, des Bayer et des Total, des grands propriétaires terriens, des grandes fermes de financer cette restauration ? Suivant le principe Pollueur Payeur ?
Et devons-nous affirmer que détruire n'est pas un droit, certainement pas un droit acquis ?
Marc - La Page de Marc n°57 - 18/07/2023
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