
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
|
|
L'irrésistible progression du Front national ?
Tous responsables
Pourquoi le Front national progresse-t-il ainsi d'année en année, élection après élection ? Tous les ressorts en ont été analysés, explorés, décortiqués, par les médias sous la plume des plus éminents experts. Il apparaît, de mon point de vue, que la responsabilité en est partagée par toute la classe politique :
- La gauche dans son ensemble (de l'extrême gauche au PS) qui, par sa crainte de froisser ceux qu'elle pense être son électorat (les musulmans), n'a pas voulu voir la montée du fondamentalisme et de l'intégrisme islamiste et a laissé le monopole du discours sur la laïcité et la sécurité à l'extrême droite.
- L'extrême gauche, perdue dans ses divisions à l'infini, qui n'a pas fait évoluer son discours depuis un siècle et qui favorise le communautarisme.
- Le Front de gauche, qui s'est focalisé sur son meilleur ennemi, le Parti socialiste, sauf lorsque le PC avait besoin de conserver quelques sièges.
- Le Parti Socialiste qui, en partageant le pouvoir par alternance avec la droite, a mis en oeuvre une politique plus libérale que sociale, dans laquelle ses électeurs ne se reconnaissent plus, et à cent lieues des préoccupations des laissés pour compte de l'économie, les chômeurs et les travailleurs précaires notamment.
- La droite (UMP et maintenant Les Républicains) qui :
- voudrait "réformer" la France pour plaire aux forces vives de son électorat et au monde de la finance, mais n'y arrive pas,
- court après le Front national en "droitisant" son discours, pour tenter d'enrayer l'érosion de son parti,
- partage avec le PS le lourd bilan d'un pays à la fois endetté, démoralisé, sans ascenseur social, sans perspective d'avenir, et avec toujours plus de chômage et d'inégalités.
- Le "parti" de l'abstention, grossi par le bilan des autres partis et dont on ne cerne pas trop les motivations. Les "non-électeurs" semblent espérer un miracle ou un homme providentiel qui leur ferait à nouveau aimer la politique. En attentant, ils favorisent le poids relatif du Front national en restant chez eux, sans doute fascinés devant leurs écrans, à jouer avec leur smartphone ou à "buzzer" sur les réseaux sociaux.
- Les médias, qui ont longtemps ostracisé le Front national et ont ainsi renforcé son image de parti anti-système. La multiplication en nombre et en durée des sources d'information mettent en avant tout ce qui est négatif dans la société : insécurité, chômage, immigration, donnant l'impression que tout va mal et de plus en plus mal dans le pays.
En attendant on ne sait quel miracle et sans jamais faire leur mea culpa, les partis républicains traditionnels vocifèrent contre le monstre qu'ils ont contribué à créer.
Quant à ces français qui votent Front national et qui s'en cachent de moins en moins, ils sont regardés avec compassion comme s'ils étaient atteints d'une maladie, certes grave, mais dont on peut guérir. Ils sont ménagés dans l'espoir de les voir revenir un jour vers leur bercail électoral.
Sur la page suivante "Comment leurs électeurs se font piéger" est une tentative d'analyser les rapports entre le Front national et ses électeurs en s'appuyant sur le dossier "Les pièges de la pensée".
Pierre Tourev, 22/12/2015
Accueil
Textes
Haut de page
Contact Licence CC |
|