
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
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Textes > L'entreprise capitaliste : démocratie ou système féodal ?
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L'entreprise capitaliste :
Démocratie ou système féodal ?
L'entreprise, une démocratique ?
Si la démocratie en entreprise, c'est la détention du pouvoir ou son contrôle par les salariés, ce n'est pas vraiment de ce côté-là qu'il faut la chercher. Pour qu'il y ait démocratie, il faudrait qu'il y ait un peuple, un peuple souverain. Dans une entreprise, le souverain, ce sont les propriétaires ou les actionnaires et accessoirement les banques, en fonction du niveau d'endettement. En outre, sauf peut-être dans le cas d'une coopérative dont les membres sont égaux en droit, une assemblée d'actionnaires ne fonctionne pas comme une démocratie, puisque chacun pèse selon la proportion de parts qu'il possède.
Du point de vue des salariés, il serait vain de chercher une once de démocratie dans l'entreprise. Les tentatives d'introduire de la participation, des cercles de qualité, des groupes de décision, des Comités d'entreprise, des instances d'information, ne sont que des simulacres de démocratie. Ces mesures démagogiques visent à asseoir une respectabilité, à apaiser ou désamorcer d'éventuelles revendications, mais surtout à améliorer l'efficacité du travail, la productivité ou la satisfaction des clients... pour le plus grand bénéfice des actionnaires.
L'entreprise, un système féodal ?
L'entreprise est caractérisée par une organisation extrêmement hiérarchisée à laquelle tous les salariés sont soumis. Sa stratégie externe est fondée sur la conquête de nouveaux territoires : implantation dans de nouvelles localités, dans nouveaux pays, élargissement de l'activité à de nouveaux segments, augmentation de parts de marché, recherche de la suprématie sur les concurrents voire leur soumission.
Si l'on veut faire une analogie avec un système politique, l'entreprise apparaît comme un système féodal avec ses conflits guerriers incessants et une population, les salariés, entièrement soumise à un seigneur. Une des constantes du système féodal a été de réduire l'influence du roi et de le marginaliser. Les entreprises, immergées dans le néolibéralisme, ne font pas autre chose lorsqu'elles cherchent à limiter au minimum le rôle de l'Etat dans les domaines économique, social et juridique, à échapper à l'impôt par tous les moyens possibles.
Ainsi, tous les matins, lorsqu'il franchit la porte de son entreprise, le salarié cesse d'être un citoyen pour devenir une sorte de mercenaire au sein d'une organisation qui ressemble étrangement à une armée en campagne ou à un système féodal.
Exemples d'emprunts au langage militaire et d'analogies :
- Une stratégie pour atteindre la cible.
- La guerre des prix, la guerre économique.
- Une campagne publicitaire.
- Les logos mis en avant comme autant de drapeaux.
- On lance un produit comme on lance une attaque.
- Dans un même domaine d'activité, le champ de bataille est le marché dont les entreprises se répartissent le territoire sous forme de "part de marché".
- Les OPA (Offres Publiques d'Achats) sont des ultimatums lancés à une citadelle assiégée.
- En face du client, le personnel de l'entreprise porte un "uniforme" qui permet de le reconnaître.
- A l'intérieur de l'entreprise les "cost killers" (tueurs de coûts) traquent les dépenses superflues comme les services de renseignement traquent les espions.
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Pierre Tourev, 23/03/2008
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