
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
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"Rendre à chacun la maîtrise de son destin"
Décryptage du slogan de Nicolas Sarkozy
"Rendre à chacun la maîtrise de son destin" tel est l'un des slogans de campagne de Nicolas Sarkozy. Cette phase prononcée lors du meeting de Villepinte, le 11 mars 2012, est mise en exergue dans le tract de campagne distribué à 10 millions d'exemplaires ainsi que sur le site Internet de La France forte.
Mais qu'est-ce qui se cache derrière cette formule d'apparence banale et à laquelle on applaudirait des deux mains si elle s'adressait à un peuple d'esclaves ou d'opprimés. De la part d'un défenseur du libéralise économique et d'un grand admirateur du modèle américain, elle doit nous faire réfléchir à sa signification réelle qui est l'annonce d'un programme ultralibéral pour faire face à la crise. Ce slogan n'est rien d'autre que le programme caché que Nicolas Sarkozy ne tardera pas à appliquer s'il est réélu. Il est en quelque sorte un message subliminal adressé aux agents économico-financiers qui gouvernent le monde, afin de les rassurer, sans le dévoiler à ses propres électeurs qui le soutiennent en toute bonne foi, leurrés par les discours populistes et sécuritaires. Les fanfaronnades et les quelques velléités contre la mondialisation et les marchés financiers ne sont que de la poudre aux yeux.
Cette phrase pourrait tout à fait être la devise de l'ultralibéralisme qui prône un Etat-minimum, le "laisser faire" ou "chacun pour soi" et la loi du marché poussée à l'extrême. Elle signifie : moins de solidarité, que l'on masque derrière la lutte contre l'assistanat. Moins de redistribution des richesses. Moins de partage du travail (Nicolas Sarkozy a déjà commencé avec les mesures en faveur des heures supplémentaires et le détricotage des 35h). Allègement du travail et plus de facilités pour licencier. Elle signifie que "chacun devient son propre capital" et tant pis pour ceux qui ne savent pas se débrouiller ou exploiter les autres. C'est surtout la part belle qui sera faite aux compagnies privées d'assurance (santé, chômage ou retraites) et aux écoles privées.
Concrètement, la maîtrise de ce destin, qu'on nous promet, signifie que chacun devra cotiser davantage et payer plus pour ses soins de santé, pour sa retraite, pour une éducation de ses enfants en dehors d'une école publique laissée à l'abandon. Ne rêvons pas, une telle évolution ne s'accompagnera pas d'une hausse des salaires. Ces mesures auront pour but d'alléger les charges de salaire supportées par les entreprises et accroître leur compétitivité et surtout leurs bénéfices.
Quelles en seront les conséquences :
- Les actionnaires, qu'ils soient français ou étrangers, pourront profiter de davantage de dividendes.
- Les hauts revenus n'auront pas de problèmes pour payer ces nouvelles cotisations.
- Les classes moyennes verront baisser leur pouvoir d'achat.
- Les plus pauvres ne pourront plus se faire soigner correctement et auront une retraite de misère. La précarité augmentera et dans quelques années, on s'étonnera de la baisse de l'espérance de vie, comme cela a commencé aux Etats-Unis. Il n'y aura plus d'ascenseur social à cause d'une éducation publique réduite à une peau de chagrin.
Voila ce qui nous attend si Nicolas Sarkozy reste au pouvoir.
Le 22 avril puis le 6 mai, renvoyons-le à son destin, où qu'il soit, sauf à la tête de la France.
Pierre Tourev, 09/04/2012
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