
La citation du mois (Historique) "Idolâtrie. Phénomène païen qui accompagne le décès des papes." Jean-François Kahn |
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La crise est finie !
Crises et campagne électorale ne font pas bon ménage
Mais où sont-donc passées les crises, celle de la dette, celle de l'euro, celle de la croissance, celle du chômage, celle du trou de la sécu ? Elles ont, comme par miracle, disparu du débat économico-politique pendant la campagne électorale. Elles ne sont plus au centre des préoccupations des candidats.
Souvenez-vous, il y a quelques mois, l'Europe était au bord de l'éclatement, notre Super-Président rencontrait presque une fois par semaine Angela Merkel pour sauver l'euro, sauver la France, sauver l'Europe et accessoirement sauver le monde. Il fallait de toute urgence activer un nouveau plan de rigueur pour garder notre triple A, qu'on a perdu d'ailleurs. Un climat de peur pour mieux faire accepter des mesures de rigueur et des hausses d'impôt.
Depuis, plus rien, plus de sommets européens de la dernière chance. Le président-candidat est devenu le candidat-président et, comme par miracle, les marchés financiers qui "voulaient notre peau", nous faire payer notre train de vie excessif, notre modèle social, notre manque de productivité, la rigidité de notre code du travail, nos 35h, etc., ont cessé d'attaquer la France.
- La dette a-t-elle disparu ?
Non, elle a atteint un niveau record en 2011 avec 1717 milliards d'euros. Le taux d'endettement qui est de 85,6% par rapport au PIB continuera de croître tant que les comptes de l'Etat seront déficitaires de plus de 3% environ.
- L'euro est-il encore attaqué ?
Non, plus pour l'instant, grâce aux centaines de milliards d'euros prêtés aux banques par la Banque centrale européenne (BCE) à un taux très avantageux de 1%, celles-ci peuvent ensuite prêter aux Etats à un taux nettement plus élevé, exorbitant pour certains pays, au point de saigner des peuples comme ceux de Grèce, d'Espagne, du Portugal. Avec le différentiel de taux de prêt, les banques engrangent au passage un substantiel bénéfice sur le dos des européens.
- La croissance est-elle revenue ?
Non, toujours pas. Elle n'est sans doute pas près de décoller à cause des politiques de rigueur adoptées en France et un peu partout en Europe. Si elle revient, elle sera certainement insuffisante pour faire baisser le taux d'endettement ainsi que le taux de chômage.
- Le chômage s'est-il évaporé ?
Non, il continue de croître, même si le candidat-président voit dans les résultats de février une "baisse tendancielle de l'augmentation du nombre de chômeurs". Avec la rigueur qui casse la croissance et les conséquences sur l'emploi des deux années de report de l'âge de la retraite, je ne vois comment le taux de chômage pourrait significativement baisser.
- Le trou de la Sécurité sociale s'est-il rebouché ?
Non, il est toujours là. Il pourrait même y avoir 130 milliards de plus d'ici 2020. Mais comme le fait remarquer le Canard enchaîné du 28 mars 2012, "personne n'en parle. Sarko glisse pudiquement sur l'instauration [des] forfaits hospitaliers et [des] franchises. Après avoir hurlé contre ces mesures, Hollande se garde bien de promettre qu'il les remettra en cause."
Les problèmes sont toujours là, mais pour cause de campagne électorale, le sujet est quasiment tabou. Un candidat aurait-il le courage de dire qu'il va devoir couper dans les dépenses de santé, réduire les remboursements ou privatiser la Sécurité Sociale, baisser le montant des pensions de retraite, réduire le salaire des fonctionnaires, supprimer le salaire minimum, casser le code du travail, etc. C'est pourtant bien ce qui nous attend si la droite reste au pouvoir.
Pierre Tourev, 03/04/2012
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