Présentation de l'éditeur
La primauté du discours économique sur les autres n'est pas un fait de nature, c'est une croyance socialement construite, dont l'auteur analyse les mécanismes. Le langage économique est devenu la lingua franca de la vie publique internationale, et les arguments économiques sont érigés en discours ultimes, convoqués à l'appui de la plupart des décisions politiques, utilisés pour expliquer et justifier les changements dans les sociétés contemporaines. Quels sont les fondements de cette forme particulière d'autorité, qui se veut à la fois rationnelle et pratique ? Où faut-il chercher la source de son efficacité ? Quelles sont les modalités de formation de notre "croyance" économique ? Quelle est la nature de leur "scientificité" ? Les réponses à ces questions supposent d'étudier, en recourant aux méthodes de l'enquête sociologique et aux hypothèses de la théorie des champs la production de la croyance économique. Il faut alors s'interroger sur la relation entre les propriétés sociales des "producteurs" (les économistes) et les caractéristiques de leurs "productions" (les théories et les idées économiques) ainsi que sur la réception de ces croyances au sein de différents espaces et groupes sociaux. La croyance économique repose avant tout sur l'affinité entre des dispositions, des positions et des prises de position, visions particulières du monde qui apparaissent fortement liées, par une relation de nature probabiliste, à la distribution des capitaux au sein de l'espace social.

Quatrième de couverture
La constitution du discours économique en discours absolu, non contestable, auquel les autres discours (notamment celui de la sociologie) doivent rendre des comptes, n'est pas une donnée de nature. C'est, selon l'auteur, une construction sociale, qu'on peut décrire et dont on peut donner les raisons. Le champ des économistes a du mal à se constituer en un champ scientifique autonome ; il est soumis, plus qu'un autre, aux pressions du monde politique, des décideurs économiques, etc., si bien que les prises de position, se donnant comme neutres, des spécialistes et des experts, sont en fait déductibles de leur propre situation dans le champ. Dans une perspective bourdieusienne, l'auteur examine le fonctionnement des grandes écoles, de la presse, les témoignages des économistes travaillant dans l'entreprise, des hommes politiques, etc., pour décrire comment s'établit la croyance économique.

Frédéric Lebaron est sociologue, maître de conférences à l'université de Picardie Jules-Verne (Amiens), chercheur au Centre de sociologie européenne (CNRS-EHESS) et au Centre d'études, de formation et de recherche en sciences sociales (CEFRESS). Il enseigne la méthodologie des sciences sociales, la sociologie économique et la sociologie des sciences. Il a publié : en collaboration Le "décembre" des intellectuels français, Paris, Liber-Raisons d'agir, 1998 ; La croyance économique. Les économistes entre science et politique, Paris, Seuil, 2000. Il est président de l'association Raisons d'agir et membre du conseil scientifique d'ATTAC.



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