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Eviter les pièges de la pensée : Les biais cognitifs


Biais d'intentionnalité




Le biais d'intentionnalité, parfois appelé biais ou illusion d'agentivité, est la tendance à surestimer le rôle des causes intentionnelles - c'est-à-dire voulues, délibérées, faites exprès, de la part de quelqu'un ou d'une entité quelconque -, lors de la survenue d'un évènement ou face à un comportement humain. Cette tendance à donner des explications basées sur des causes intentionnelles non justifiées, est d'autant plus fréquente que l'évènement ou le comportement a des conséquences négatives.
Exemple : Tous les feux tricolores pour se rendre sur son lieu de travail sont au rouge et en déduire : "Il y a quelqu'un qui m'en veut ce matin".

Ce biais d'attribution causale a été mis en évidence par les travaux de Fritz Heider (1896-1988), psychologue et professeur d'université américain, et de Marianne Simmel (1923-2010), neuropsychologue allemande, travaux publiés en 1944 et intitulés An experimental study of apparent behavior. Ce biais s'expliquerait par un souci de rendre cohérent un environnement incertain et instable.

Autrefois, face à certains évènements, nos ancêtres invoquaient les "esprits". De nos jours, les chercheurs diraient qu'ils les attribuaient à des agents intentionnels invisibles. Le biais d'intentionnalité serait une tendance naturelle chez l'être humain car identifier des causes autres qu'intentionnelles (accidentelles, le fait du hasard,...) ferait appel à beaucoup de ressources cognitives, nécessitant du temps et de l'énergie.

Le biais d'intentionnalité peut se manifester par l'attribution d'une intention à des entités collectives abstraites, comme l'Etat, la classe sociale, le "système", le pouvoir, les élites, la société, etc., intentions qu'elles ne peuvent manifestement pas avoir.

Le biais d'intentionnalité est l'un des principaux facteurs explicatifs des croyances favorisant les théories du complot et le conspirationnisme. Il est, en effet, plus facile de rechercher "à qui profite le crime ?" en partant du principe selon lequel le bénéficiaire d'un évènement est nécessairement celui qui l'a provoqué, que d'analyser des situations complexes.
"Dans les raisonnements complotistes, on retrouve un mécanisme cognitif général : l'attribution d'intentionnalité. On appelle "biais d'intentionnalité" la tendance qu'ont les individus à voir le comportement des autres comme intentionnel. C'est ainsi qu'une simple maladresse est interprétée comme une conduite agressive, révélatrice de dispositions hostiles. Autrement dit, le biais d'intentionnalité consiste à percevoir l'action d'une volonté ou une décision derrière ce qui est fortuit ou accidentel. Il y a là une confusion non consciente entre les événements physiques et les événements mentaux. En outre, on suppose l'intervention d'un principe d'économie : la reconstruction des enchaînements causaux qui ont abouti à un simple bousculement non intentionnel implique de s'engager dans une analyse interminable. Or, il est moins coûteux d'attribuer le bousculement à un sujet doté d'une volonté."
Pierre-André Taguieff - Court traité de complotisme, 2013

Le biais d'intentionnalité est aussi le moteur de certains mouvements politiques, démagogiques ou populistes notamment, qui proposent d'expliquer des situations complexes par la désignation d'une intention cachée et par la stigmatisation de boucs émissaires.



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