Le 20 avril 1792 à l'Assemblée nationale, le Marquis de Condorcet clamait :
"Offrir à tous les individus de l'espèce humaine les moyens de pourvoir à leurs besoins, d'assurer leur bien-être, de connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs...
Tel doit être le premier but d'une instruction nationale ; et, sous ce point de vue, elle est pour la puissance publique un devoir de justice...
Tant qu'il y aura des hommes qui n'obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d'une opinion étrangère, en vain toutes les chaînes auront été brisées, en vain ces opinions de commande seraient d'utiles vérités ; le genre humain n'en resterait pas moins partagé en deux classes, celle des hommes qui raisonnent et celle des hommes qui croient, celle des maîtres et celle des esclaves." etc.
D'où cette noble idée de permettre à ces individus prédestinés à servir... de poursuivre leur instruction tout le long de leur vie, ne serait-ce déjà que pour leur apprendre à "connaître et d'exercer leurs droits, d'entendre et de remplir leurs devoirs "... bref, pour en faire de véritables citoyens.
Or cette idée dépasse le cadre de l'instruction, il s'agit là d'éducation, et avant tout d'" éducation politique".
Et c'est déjà là toute l'ambiguïté de "l'éducation populaire".
Et puis, si nous commençons à parler d'"art" et de "culture"... alors nous ne savons plus finalement où nous en sommes avec cette "éducation populaire".
Et nous n'avons même pas parlé de l'éducabilité... Mais bon, sur ce point faisons-en toutefois le pari !
Philippe Meirieu, qui est un spécialiste de la pédagogie, a dit :
"Tout le monde peut apprendre et grandir, je dois en faire le pari."
S'il en fait un devoir, ça le regarde... Quant à moi, je veux bien remplir ce devoir, d'autant plus que je ne suis pas pédagogue.
Hélas, je ne crois pas que d'un percheron, on puisse faire un cheval de course.
Et puis, tout me porte à penser que l'homme préfère croire que savoir... je vois combien la facilité nous attire, et combien les efforts nous répugnent, qu'on ne consent à faire des efforts qu'en vue des intérêts qu'ils sont censés nous procurer, et que l'intérêt du savoir n'est pas évident pour tout le monde. Bref, cet attrait pour le savoir reste pour moi un mystère. Comme s'il avait été distribué au hasard, qu'il était tombé n'importe où... je le vois très vif chez certains, totalement absent chez d'autres. À moins qu'il ne soit qu'endormi, ne demandant qu'à être réveillé. Peut-être...