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Nicolas Sarkozy et les médias




L'approche des élections présidentielles de 2007 a été le théâtre d'un patient travail de domestication des médias par Nicolas Sarkozy. La ressemblance avec le système de clan mis en place par Silvio Berlusconi pour contrôler l'opinion italienne est troublante : marketing politique, intérêts croisés avec la presse et l'édition, mainmise sur l'audiovisuel.

Depuis vingt ans, Nicolas Sarkozy a su se constituer un imposant réseau d'amitiés et d'influence dans les médias. Ce réseau se mesure à son carnet d'adresses très fourni, en partie grâce à son cabinet d'avocats, dans l'audiovisuel et dans la presse :
  • Martin Bouygues, le meilleur ami (TF1, LCI, Eurosport, TMC...),
  • Bernard Arnault (La Tribune, Investir, Radio Classique),
  • Arnaud Lagardère, "le frère", (Paris Match, Le journal du Dimanche, Elle, Télé7jours, France-Dimanche, Première, Europe n°1, Europe 2, RFM, MCM, Canal J, la Chaine Météo...),
  • Stéphane Courbit (Endemol France),
  • Serge Dassault (Le Figaro, Valeurs Actuelles),
  • François Pinault, le "copain de vélo" (Le Point),
  • Vincent Bolloré (Havas, Direct 8, Direct Soir, Matin plus, SFP),
  • Edouard de Rothschild auquel Nicolas Sarkozy se plaint parfois de "Libération", ce "journal de gauche de merde".

Dans le portefeuille d'activités des groupes que dirigent ces grands patrons, beaucoup sont dépendantes des marchés publics d'Etat et des bonnes relations avec le pouvoir.

On a pu se rendre compte de l'efficacité d'un tel réseau lors de la parution du livre de Nicolas Sarkozy, "Témoignage" (Couverture dans Le Point, interview complaisante sur TF1 où il a de bons amis...). Il y a eu aussi, en juin 2006, le renvoi du directeur de Paris Match, Alain Genestar, pour avoir publié une photo non désirée de Cécilia Sarkozy, signe d'allégeance du groupe Lagardère au président de l'UMP, futur Président de la République.

Profitant de l'implantation de nombreuses entreprises dans Neuilly dont il était le maire, Nicolas Sarkozy crée en 1985 le club Neuilly Communication où l'on peut rencontrer Gérald de Roquemaurel (PDG de Hachette Filipacchi Médias), Nicolas de Tavernost (Président de M6), Arnaud de Puyfontaine (Mondatori France, éditeur de magazines), sans oublier des publicitaires et des annonceurs.

Quant à France Télévision, encore service public, le candidat UMP à la présidentielle n'a-t-il pas déclaré, selon le Canard Enchaîné, un jour où il était exaspéré d'attendre : "Personne n'est là pour m'accueillir. Toute cette direction, il faut la virer. Je ne peux pas le faire maintenant. Mais ils ne perdent rien pour attendre. Ca ne va pas tarder."

La technique de communication utilisée par Nicolas Sarkozy depuis des années est celle du "mouvement permanent" où il faut tirer avantage devant les médias de l'actualité chaque fois qu'une occasion se présente. Les émeutes dans les banlieues en 2005 ont, par exemple, été l'occasion de mettre en oeuvre cette méthode à de multiples reprises.

De son métier d'avocat, Nicolas Sarkozy a su mettre à profit toutes "les ficelles" pour devenir un excellent orateur et contradicteur, notamment la séduction, qui a été très efficace auprès des journalistes. Cette séduction lui a valu un grand nombre d'articles dans la presse ou de reportages télévisés en tant que Ministre de l'Intérieur, poste qui habituellement ne jouit pas d'une grande popularité auprès des journalistes.

La suppression de l'abattement fiscal des journalistes a, en outre, été prudemment laissée de côté pendant le passage de Nicolas Sarkozy au ministère des Finances. Les propositions du candidat à la Présidence de la République n'ont, en outre, pas manqué de satisfaire les magnats de la presse et des médias (défiscalisation des entreprises, impôts sur la fortune, droits de succession...) et de provoquer une convergence d'intérêt.

Et les médias n'ont pas été ingrats.

On peut légitimement s'interroger sur l'indépendance des médias qui, en tant que contre pouvoir, est l'une des conditions de la pérennité de la démocratie.


Pierre Tourev, 10/05/2007




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