La Toupie 
 
Site sans publicité, ni cookies, ni IA
 
L'abus d'images animées est dangereux pour le cerveau
(Les objets temporels)



La citation du mois
(Historique)
"Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu."
Matthieu Suquière
Qui sommes-nous ?
Questions/Réponses
Contact
Contribuer à La Toupie
  La Toupie  >  Textes  >  Constitution du patrimoine

Constitution du patrimoine


Modélisation mettant en évidence
l'accumulation du capital




Les exemples présentés ci-dessous ont été réalisés à l'aide d'un petit modèle très simple. Le but n'est pas de décrire précisément la réalité, mais d'illustrer, à travers quelques cas comment se constitue le patrimoine d'une personne et quelles en sont les principales composantes.

Hypothèses et conventions prises pour cette modélisation :

  • Calcul hors inflation
  • Début de la vie active : 20 ans
  • Départ à la retraite : 60 ans
  • Décès : 80 ans
  • S est le salaire annuel moyen avec une progression régulière depuis l'âge de 20 ans jusqu'à la retraite.
  • Le montant de la pension de retraite correspond à 70% du dernier salaire.
  • Les générations sont espacées de 25 ans. Le décès intervenant à 80 ans, cela signifie qu'une personne hérite de ses ascendants directs à l'âge de 80-25 = 55 ans.
  • Le revenu R est constitué du salaire, des allocations ou du montant de sa retraite plus les revenus de son patrimoine.
  • Ro est le revenu en deçà duquel il n'est pas possible d'épargner, et donc de se constituer un patrimoine.
  • Taux d'épargne :
    Si R est supérieur à Ro, la personne commence à épargner pour se constituer un patrimoine (achat d'un logement, placements immobiliers, obligations, assurance-vie, actions...). Pour simplifier, on a choisi un taux d'épargne constant tout au long de sa vie et que l'on applique à R-Ro pour calculer la somme qui sera épargnée chaque année.
    Le taux d'épargne augmente en fonction du salaire moyen. En effet, la consommation des ménages progresse moins vite que les revenus, augmentant ainsi la capacité à épargner. Le taux d'épargne est cependant limité par la progressivité de l'impôt sur le revenu.
  • La rémunération du patrimoine correspond aux revenus nets des différents placements du patrimoine (loyers perçus, intérêts, dividendes d'actions...). Pour simplifier, elle inclut également les éventuelles plus-values (écart entre le prix d'acquisition et le prix de vente d'un bien). Elle est exprimée en pourcentage du patrimoine.
  • Le patrimoine à la fin de l'année N est constitué :
    • du patrimoine de l'année N-1
    • de la part du revenu de l'année N (dont les revenus du patrimoine) qui est épargnée.
    • d'éventuels héritages intervenus au cours de l'année N
  • Droits de succession : 30%
  • Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) : il n'est pas pris en compte, sauf si l'on considère que la rémunération du patrimoine est déterminée après prise en compte de cet impôt.

Les graphiques ci-dessous indiquent l'évolution du patrimoine (en ordonnée) et sa constitution (couleur) en fonction de l'âge de la personne (en abscisse).
Le patrimoine est exprimé en multiple de Ro.


Cas n°1 - Salaire inférieur à Ro

En fin de vie, le patrimoine est nul.


Cas n°2 - Salaire = 2*Ro et rémunération du patrimoine = 3%

Hypothèse : taux d'épargne = 25%


Revenus à 40 ans : 2,1 Ro
Revenus à 70 ans : 2,1 Ro
Patrimoine en fin de vie : 17 Ro


Cas 2 bis : Salaire = 2*Ro et rémunération du patrimoine = 7%

Patrimoine en fin de vie : 55 Ro


Cas n°3 - Salaire = 5*Ro et rémunération du patrimoine = 3%

Hypothèse : taux d'épargne = 40%


Revenus à 40 ans : 5,9 Ro
Revenus à 70 ans : 7,3 Ro
Patrimoine en fin de vie : 133 Ro


Cas n°4 - Salaire = 10*Ro et rémunération du patrimoine = 3%

Hypothèse : taux d'épargne = 60%


Revenus à 40 ans : 13,4 Ro
Revenus à 70 ans : 13,5 Ro
Patrimoine en fin de vie : 555 Ro


Cas n°5 - Salaire = 10*Ro et rémunération du patrimoine = 7%

Hypothèse : taux d'épargne = 60%


Revenus à 40 ans : 20 Ro
Revenus à 70 ans : 66 Ro
Patrimoine en fin de vie : 1345 Ro


Cas n°6 - Salaire = 10*Ro , rémunération du patrimoine = 7% et héritage du patrimoine du cas n°5 à l'âge de 55 ans

Hypothèse : taux d'épargne = 60%


Revenus à 40 ans : 20 Ro
Revenus à 70 ans : 180 Ro
Patrimoine en fin de vie : 3980 Ro


Cas n°7 - Idem n°6 avec 4 générations successives d'héritage



Revenus à 40 ans : 20 Ro
Revenus à 70 ans : 1740 Ro
Patrimoine en fin de vie : 27300 Ro



Quelques constats

  1. Avec une rémunération du patrimoine de 3%, en fin de vie, la part de l'épargne réalisée à partir du salaire demeure majoritaire par rapport à l'ensemble du patrimoine.
    (Cas n°2, n°3 et n°4)

  2. Un taux de rémunération du patrimoine élevé (7% par rapport à 3%) conduit à une part prépondérante des revenus du patrimoine dans la constitution de celui-ci, par effet d'accumulation. Ce n'est plus le travail qui est le principal générateur du patrimoine, mais le simple fait de posséder un patrimoine au début de la période précédente.
    En outre, les revenus provenant de la rémunération du patrimoine deviennent majoritaires par rapport aux revenus du travail.
    (Passage du cas n°4 au cas n°5)

  3. L'effet d'accumulation du capital. On peut le voir en comparant le cas n°2 bis et le cas n°5. Entre ces deux cas, le salaire est multiplié par 5 tandis le capital en fin de vie est multiplié par 24.
    La capacité à épargner augmente en effet plus vite que le salaire.

  4. S'il y a un héritage significatif, la part du patrimoine provenant du revenu du travail devient marginale (zone rouge du cas n°6), voire négligeable (Cas n°7), même si le salaire est important. De même, la part du salaire dans les revenus est très faible (5,5% à 70 ans dans le cas n°6 et 0,6% dans le cas n°7).



Scandaleux, indécent et immoral

Scandaleux, indécent et immoral est le niveau atteint par les richesses du "grand capital". Les quatre cents plus grosses fortunes de la planète représentent les revenus de près de la moitié de la population du globe.
Sans remettre en question la détention d'un patrimoine individuel, mais en se plaçant du point du vue de la justice morale et de l'équité, il est urgent d'encadrer drastiquement l'accumulation du capital telle qu'elle peut se réaliser aujourd'hui.


L'analyse ci-dessus nous suggère trois propositions :
  • Plafonnement des très hauts salaires
    Dans les exemples ci-dessus, le plus haut revenu est de 10*Ro soit une dizaine de fois le SMIC, si l'on considère que Ro est du même ordre de grandeur que le salaire minimum. Or, il n'est pas rare de voir de grands patrons gagner plus de 2 millions d'euros, soit plus de 150 fois le SMIC, certains dépassant même les 10 millions d'euros (800 fois le SMIC).
    Payés seulement 30 fois, 40 fois ou 50 fois le SMIC, (une misère !) quelques-uns de nos grands patrons seront tentés d'aller voir ailleurs pour gagner de quoi satisfaire leur ego. Bon vent !

  • Limitation, par le taux d'imposition, de la rémunération du patrimoine
    Actuellement, sur la feuille d'impôt, un euro gagné par le travail s'additionne avec un euro gagné par le seul fait de posséder du capital. On pourrait changer cette règle pour imposer plus lourdement les revenus du patrimoine.
    Voir la page "Les euros ne s'additionnent pas" / Impôts sur le revenu afin de faire de la fiscalité un levier pour la justice sociale.

  • Plafonnement du patrimoine transmissible par héritage.
    Voir la page sur le plafonnement de l'héritage pour remettre les compteurs à zéro.


Pierre Tourev, 05/08/2006



Accueil     Textes     Haut de page     Contact   Licence CC