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  La Toupie > Plafonnement de l'héritage > Emile Durkheim : "Le socialisme"

La question de l'héritage

dans l'ouvrage d'Emile Durkheim : "Le socialisme"



En complément à la page sur l'abolition du droit d'héritage, voici quelques extraits de l'ouvrage d'Emile Durkheim (1858-1917), publié en 1928 : Le Socialisme : sa définition, ses débuts, la doctrine saint-simonienne".


Chapitre I / Définition du socialisme

[...]
"Le droit des parents à se succéder les uns aux autres dans la propriété de leurs biens n'est que le dernier vestige de l'ancien droit de copropriété que, jadis, tous les membres de la famille avaient collectivement sur l'ensemble de la fortune domestique. Or, un des articles qui revient le plus souvent dans les théories socialistes, c'est l'abolition de l'héritage. Une telle réforme aurait donc pour effet d'affranchir l'institution de la propriété individuelle de tout alliage communiste, par conséquent de la rendre plus vraiment elle-même. En d'autres termes, on peut raisonner ainsi : pour que la propriété puisse être vraiment dite individuelle, il faut qu'elle soit l’oeuvre de l'individu et de lui seul. Or, le patrimoine transmis par héritage n'a pas ce caractère : c'est seulement une oeuvre collective appropriée par un individu. La propriété individuelle, peut-on dire encore, est celle qui commence avec l'individu pour finir avec lui ; or, celle qu'il reçoit en vertu du droit successoral existait avant lui et s'est faite sans lui. En reproduisant ce raisonnement, je n'entends pas d'ailleurs défendre la thèse des socialistes, mais montrer qu'il y a du communisme chez leurs adversaires et que ce n'est pas par là, par conséquent, qu'il est possible de les définir."
[...]


CHAPITRE VIII : La doctrine de Saint-Simon (suite) - Organisation du système industriel

[...]
"La réforme est d'apparence modeste. En réalité pourtant, comme le dit M. Janet (Saint-Simon, p. 39), elle touche "aux fondements de notre organisation sociale"». Car elle a pour effet d'enlever au propriétaire du sol certains de ses droits pour les transférer au producteur. Celui-ci deviendrait en effet, par le seul fait de son travail, copropriétaire de la terre qu'il cultive puisqu'il partagerait les plus-values qu'elle pourrait présenter, quelle qu'en soit l'origine, et que, de plus, il pourrait, même sans le consentement du propriétaire, employer le capital immobilier qui lui est confié à gager un emprunt. Un tel droit, en effet, implique pour le fermier la faculté de compromettre définitivement la propriété qui sert de gage, puisque l'emprunt, s'il vient à ne pouvoir être remboursé, entraîne l'expropriation. Mais la hardiesse réformiste de Saint-Simon ne va pas plus loin. Il ne va pas jusqu'à demander, comme le feront ses disciples, qu'il n'y ait de propriété légitime que celle qui est due tout entière au travail et à la capacité de celui qui possède. Il admet qu'elle puisse avoir une autre origine, par exemple l'héritage ; il lui suffit, au moins pour l'instant, que les incapables et les oisifs ne puissent pas avoir sur les choses qu'ils possèdent des droits trop exorbitants qui gênent la production. Il ne se propose pas d'organiser la propriété d'après les principes d'une justice distributive parfaitement équitable, mais simplement de la façon la plus profitable à l'activité économique."
[...]


CHAPITRE XI : L'école saint-simonienne - Conclusions critiques du cours

[...]
"Pour arriver à ce résultat, bien des réformes seraient dès maintenant nécessaires et possibles. Mais il en est une qui paraît s'imposer aux saint-simoniens d'une manière plus urgente que les autres, c'est la transformation du droit de propriété.
En effet, ce qui caractérise la propriété telle qu'elle est présentement constituée, c'est qu'elle est transmissible en dehors de toute capacité sociale, en vertu du droit d'héritage. Il en résulte que des hommes naissent avec le privilège de ne rien faire, c'est-à-dire qu'ils vivent aux dépens d'autrui. L'exploitation de l'homme par l'homme reste donc, sous cette forme, la base de notre système social, car celui-ci repose tout entier sur l'organisation de la propriété. Si donc cette exploitation doit disparaître, il faut aussi que l'institution qui la perpétue d'une manière chronique disparaisse à son tour. On objecte, dit Bazard, que le propriétaire ne vit pas aux dépens d'autrui ; car ce que paye le travailleur ne fait que représenter les services productifs des instruments qui lui ont été prêtés. Mais, répond-il, la question n'est pas de savoir si ces services doivent être rémunérés, mais à qui doit revenir cette rémunération et si, en l'attribuant au propriétaire qui n'y a d'autre titre que le hasard de la naissance, on ne consacre pas un privilège de la force matérielle. Or, par cela seul qu'un homme est propriétaire par droit de naissance, il a sur les simples travailleurs avec lesquels il entre en transaction une supériorité qui lui permet d'imposer ses volontés et qui ne diffère pas en nature de celle qui met le vaincu dans la main du vainqueur. Car l'ouvrier, réduit à attendre sa nourriture de chaque jour de son travail de la veille, est obligé d'accepter, sous peine de la vie, les conditions qui lui sont faites. D'ailleurs l'hérédité de la richesse implique comme contrepartie l'hérédité de la misère. Il y a ainsi dans la société des hommes qui, par le seul fait de leur naissance, sont empêchés de développer leurs facultés : ce qui froisse tous nos sentiments."

[...]
"Nous avons vu comment, selon Bazard, les sociétés modernes étant arrivées à la limite extrême de leur période critique, une transformation profonde des institutions temporelles est devenue nécessaire afin de donner satisfaction aux besoins nouveaux qui se sont fait jour. Avant tout, le régime de la propriété doit être réformé ; car il contribue, plus que toute autre chose, à entretenir l'antagonisme et la guerre, en permettant au propriétaire-né d'exploiter ceux de ses semblables qui ne possèdent rien. Il faut donc, par la suppression du droit d'héritage, retirer à certains privilégiés la force matérielle dont ils sont armés par le seul fait de leur naissance et qui leur assure une injuste prépondérance. En même temps, la fonction qui consiste à répartir entre les producteurs les instruments de travail cessera d'être abandonnée à des individus isolés, incompétents et égoïstes, pour être dévolue à une institution sociale."
[...]


Mise en ligne : 20/10/2007



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