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Besoins ou désirs ?


L'amalgame



Derrière les notions de marché, de libre-échange, de croissance à tout prix, on trouve la nécessité de satisfaire les besoins du consommateur. Ces besoins sont liés aux époques et aux types de société et dans notre société de consommation, ils semblent non seulement en forte croissance, mais quasiment sans limites.

Cette notion de "besoins du consommateur" est en fait un amalgame pervers entre les besoins qui sont naturels et nécessaires et les désirs ou envies, plus éphémères, changeants et subjectifs. Pervers, car qu'il nous laisse croire qu'il est impératif de satisfaire ces besoins.

"L'argument des besoins est l'argument majeur des thuriféraires de la croissance : nous devons absolument viser à la croissance la plus forte possible, car les besoins humains sont infinis. Et lorsqu'on a dit cela, tout est dit. Le contradicteur n'a plus qu'à plier bagage ; car comment pourrait-il oser ne pas vouloir satisfaire les besoins humains, et donc faire progresser l'humanité, la rendre plus heureuse, toujours plus libérée de la tyrannie de la nécessité."
Dominique Méda - Qu'est-ce que la richesse ? - Ed. Aubier - 1999

La distinction entre les besoins et désirs est ancienne. Le philosophe Epicure (341-270 av. JC) a fondé une sagesse du plaisir basée non sur la jouissance (satisfaction des désirs), mais sur les plaisirs naturels et nécessaires et sur la maîtrise des passions, dans lesquelles on peut ranger les envies et les désirs.


Comparaison entre besoin et désir


Besoin Désir ou envie
Naturel et nécessaire Non naturel, éphémère
Objectif Subjectif
Presque identique d'une société à l'autre Fortement lié au contexte, société, culture, époque
Les besoins ne sont pas infinis Les désirs qui peuvent s'appliquer à tout sont infinis
Il fait souffrir jusqu'à ce qu'il soit satisfait. Sa non-satisfaction peut entraîner la mort. A peine satisfait, il réapparaît.
Dominante physiologique Dominante psychologique

Que fait l'économie dominante, sinon entretenir la confusion entre nos besoins et nos envies ? Il est aisé de le décrypter. Il suffit pour cela de regarder au second degré les publicités télévisées.

Avoir besoin de nourriture, de vêtements, d'un logement, de relations sociales... n'est pas la même chose qu'avoir envie du dernier modèle de yaourt au bifidus, de telle robe à la mode, d'un lit réglable par trois moteurs indépendants, ou d'un téléphone mobile de troisième génération sur lequel on peut voir les buts de son équipe de football favorite.

Perpétuant savamment cet amalgame, l'économie s'est ainsi fixée une mission infinie : satisfaire tous les désirs de l'homme, désirs infinis qu'elle crée et suscite elle-même.

Est-ce cela le progrès ? Mais c'est un autre sujet.

Avoir conscience de cet amalgame entre besoins et désirs, c'est déjà faire un grand pas vers la liberté et l'indépendance d'esprit... Et lorsqu'on satisfait l'un de ses caprices "vu à la télé", c'est en toute connaissance de cause, et non en automate "lobotomisé" par la publicité.


Pierre Tourev, 09/04/2006




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