
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
|
|
Tourpilles Recueil de citations
Chef
Page 1 / 2
"La tentation d'être un chef juste et humain est naturelle dans un homme instruit ; mais il faut savoir que le pouvoir change profondément celui qui l'exerce ; et cela ne tient pas seulement à une contagion de société ; la raison en est dans les nécessités du commandement, qui sont inflexibles. C'est pour cette raison qu'un député doit se garder d'être ministre, et qu'un ouvrier doit se garder d'être délégué au conseil des patrons, ou chef de syndicat. On demande où mènerait ce système de refus. C'est premièrement la négation d'un système effrayant ; et je crois que les saints firent beaucoup contre l'ancienne inégalité par un refus d'être évêques, prieurs, abbés. Dieu ou non, salut ou non, ils avaient reconnu le piège des pouvoirs. Ils étaient un vivant reproche aux prélats décorés. La religion n'a fait que traduire en images vives l'éternelle situation des hommes en société, où tout est réglé de façon que les pauvres gens perdent bientôt leurs amis et leurs conseillers. Les boursiers, aujourd'hui, renient promptement le peuple d'où ils sortent. Cette trahison se colore de grands mots. Aimer son pays c'est toujours, selon l'opinion régnante, aimer la gloire, la richesse et le pouvoir. Cette vertu est un peu trop facile. Choisir le métier de chef, c'est un choix de bien-être."
Emile Chartier, dit Alain - 1868-1951 - Souvenirs de guerre - Les Passions et la Sagesse
"Cette élection présidentielle pourrait bien être le triomphe absolu du bonapartisme, cette culture politique dont la France ne parvient décidément pas à se défaire. Nicolas Sarkozy en est l'incarnation à lui seul. Il résume jusqu'à la caricature la modernisation de cette "société du 10 décembre" qui fit le succès, en 1848, de Napoléon le Petit : déjà à l'époque, elle ajoutait de la violence symbolique et privée au monopole étatique de la force. Mais la postérité du bonapartisme va bien au-delà des personnes. Elle s'est forgée dans et par les institutions ; pas tant dans l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel direct que dans la concentration exceptionnelle de tous les pouvoirs en ses mains. De ce point de vue, l'histoire de la Ve République restera celle d'une accumulation progressive de puissance d'une seule autorité au prix de la dévitalisation des moindres contre-pouvoirs. Même celui que les journalistes avaient construit est en train de produire par connivence ou servitude volontaire une nouvelle oligarchie."
Paul Allies, professeur de sciences politiques à l'université de Montpellier - Le triomphe du bonapartisme, Libération, 7 mai 2007
"Dictateur. Chef d'une nation qui préfère la pestilence du despotisme à la plaie de l'anarchie."
Ambrose Gwinett Bierce - 1842-1914 - Le Dictionnaire du Diable, 1906
"Le pouvoir que Max Weber nomme "charismatique", est un pouvoir d'ensorcellement. Il suppose que l'on ait foi en la personne d'un prophète, d'un chef, d'un grand démagogue. Que l'on puisse employer ici le mot "foi" montre l'analogie avec le domaine religieux. La crainte révérencieuse, la confiance, la fascination sont les éléments d'une attitude foncièrement irrationnelle. Et de même que le croyant en Dieu est imperméable aux arguments que l'on peut dresser contre la religion, de même l'individu ensorcelé par le prophète ou le chef n'est capable d'écouter rien d'autre."
Marcel Conche - Né en 1922 - Le sens de la philosophie, 2003
"Quelle dictature a fait autant de propagande pour son chef ou ses principes que nos démocraties en font pour la marchandise ? Un slogan publicitaire ne transmet-il pas aussi un message idéologique, une injonction à se comporter selon des règles fixées par d'autres en fonction de leurs intérêts ?"
Armand Farrachi - Petit lexique d'optimisme officiel, 2007
>>> Page 2 des citations : Chef
Accueil
Citations
Haut de page
Contact Licence CC |
|