
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
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Tourpilles Recueil de citations
La Société de consommation
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Jean Baudrillard
Denoël - 1970
"Les besoins des classes moyennes et inférieures sont toujours, comme les objets, passibles d'un retard, d'un décalage dans le temps et d'un décalage culturel par rapport à ceux des classes supérieures. Ce n'est pas l'une des moindres formes de la ségrégation en société "démocratique"."
Jean Baudrillard - 1929-2007 - La Société de consommation, 1970
"Résumant brièvement, nous dirons que le problème fondamental du capitalisme contemporain n'est plus la contradiction entre "maximisation du profit" et "rationalisation de la production" (au niveau de l'entrepreneur), mais entre une productivité virtuellement illimitée (au niveau de la technostructure) et la nécessité d'écouler les produits. Il devient vital pour le système dans cette phase de contrôler non seulement l'appareil de production, mais la demande de consommation, non seulement les prix, mais ce qui sera demandé à ce prix. L'effet général est soit par les moyens antérieurs à l'acte même de production (sondages, études de marché), soit postérieurs (publicité, marketing, conditionnement) d'"enlever à l'acheteur - chez qui il échappe à tout contrôle - le pouvoir de décision pour le transférer à l'entreprise, où il peut être manipulé"."
Jean Baudrillard - 1929-2007 - La Société de consommation, 1970
"Revenu, achat de prestige et surtravail forment un cercle vicieux et affolé, la ronde infernale de la consommation, fondée sur l'exaltation de besoins dits "psychologiques", qui se différencient des besoins "physiologiques" en ce qu'ils se fondent apparemment sur le "revenu discrétionnaire" et la liberté de choix, et deviennent ainsi manipulables à merci."
Jean Baudrillard - 1929-2007 - La Société de consommation, 1970
"Sur le "principe économique", Galbraith dit : "ce qu'on appelle le principe économique consiste largement à imaginer une stratégie qui permette de vaincre la tendance des hommes à imposer des limites à leurs objectifs de revenus, et donc à leurs efforts." Et il cite l'exemple des ouvriers philippins en Californie : "La pression des dettes, jointe à l'émulation vestimentaire, transforma rapidement cette race heureuse et nonchalante en une force de travail moderne". Et aussi tous les pays sous-développés, où l'apparition des gadgets occidentaux constitue le meilleur atout de stimulation économique. Cette théorie, qu'on pourrait appeler celle du "stress" ou du dressage économique à la consommation, liée au forcing de la croissance, est séduisante. Elle fait apparaître l'acculturation forcée aux processus de consommation comme la suite logique, dans l'évolution du système industriel, du dressage horaire et gestuel, depuis le XIXe siècle de l'ouvrier aux processus de production industrielle. Cela dit, il faudrait expliquer pourquoi les consommateurs "mordent" à l'hameçon, pourquoi ils sont vulnérables à cette stratégie. Il est trop facile d'en appeler à une "nature heureuse et nonchalante", et d'imputer une responsabilité mécanique au système. Il n'y a pas plus de tendance "naturelle" à la nonchalance qu'au forcing. Ce que Galbraith ne voit pas - et qui l'oblige à mettre en mettre en scène les individus comme de pures victimes passives du système - c'est toute la logique sociale de la différenciation, ce sont les processus distinctifs de classe ou de caste, fondamentaux dans la structure sociale, et qui jouent à plein en société "démocratique"."
Jean Baudrillard - 1929-2007 - La Société de consommation, 1970
"En tant que consommateur, l'homme redevient solitaire, ou cellulaire, tout au plus grégaire (la T.V. en famille, le public de stade ou de cinéma, etc.) Les structures de consommation sont à la fois très fluides et closes. Peut-on imaginer une coalition des automobilistes contre la vignette ? Une contestation collective de la Télévision ? Chacun des millions de téléspectateurs peut être opposé à la publicité télévisée, celle-ci se fera pourtant. C'est que la consommation est d'abord orchestrée comme un discours à soi-même, et tend à s'épuiser, avec ses satisfactions et ses déceptions, dans cet échange minimum. L'objet de la consommation isole. La sphère privée est sans négativité concrète, parce qu'elle se referme sur ses objets, qui n'en n'ont pas. [...]
En gros donc, les consommateurs sont, en tant que tels, inconscients et inorganisés, comme pouvaient l'être les ouvriers du début du XIXe siècle. C'est à ce titre qu'ils sont partout exaltés, flattés, chantés par les bons apôtres comme l'"Opinion Publique", réalité mystique, providentielle et "souveraine". Comme le Peuple est exalté par la Démocratie pourvu qu'il y reste (c'est-à-dire n'intervienne pas sur la scène politique et sociale), ainsi on reconnaît aux consommateurs la souveraineté ("Powerfull consumer", selon Katona), pourvu qu'ils ne cherchent pas à jouer comme tels sur la scène sociale. Le Peuple, ce sont les travailleurs, pourvus qu'ils soient inorganisés. Le Public, l'Opinion Publique, ce sont les consommateurs, pourvu qu'ils se contentent de consommer."
Jean Baudrillard - 1929-2007 - La Société de consommation, 1970
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