
La citation du mois (Historique) "Le leader populiste dénonce toujours un système dont il est lui-même issu." Matthieu Suquière |
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Eviter les pièges de la pensée : Les biais cognitifs
Biais rétrospectif
Le biais rétrospectif (ou biais du professionnel ou distorsion rétrospective) est la tendance à rationaliser après coup un événement imprévu et le considérer a posteriori comme plus probable ou prévisible qu'il n'était avant sa survenue. On le résume parfois par la formule "je le savais depuis le début" qui exprime une impression subjective. Avec les informations présentes en notre possession a posteriori, il paraît évident que les faits devaient se passer comme ils se sont effectivement déroulés. On cherche à rendre le présent - l'évènement réalisé - cohérent avec le passé, c'est-à-dire le contexte avant l'évènement.
Bien qu'il soit connu depuis longtemps, le biais rétrospectif a été décrit en 1975 par le professeur en science sociale américain Baruch Fischhoff à l'issue d'une série d'expériences. Lui et ses collègues en tirèrent les conclusions suivantes :
- L'homme a tendance à surestimer la probabilité d'un évènement lorsqu'il sait qu'il s'est déroulé.
- Il estime toutes les alternatives de même valeur tout aussi probables lorsqu'il ne connait pas l'issue de l'évènement.
- Il estime plus probable l'une des alternatives si on lui fait croire que celle-ci est survenue, même lorsqu'elle ne l'est pas.
Cette tendance peut s'expliquer par le fait qu'un évènement qui s'est produit est plus accessible mentalement que des situations possibles qui ne se sont pas produites. Ces dernières nécessitent en effet une représentation mentale élaborée par un raisonnement abstrait. Le biais rétrospectif fait également appel à un processus semblable à celui du biais de confirmation d'hypothèse lorsque l'individu tente de rationaliser l'évènement en cherchant des "signes précurseurs" qui expliqueraient sa survenue, augmentant ainsi l'impression toute subjective de sa prévisibilité.
Ce biais peut être à l'origine d'erreurs de raisonnement dans le comportement individuel, le diagnostic médical, la gestion des risques, etc. Il peut aussi conduire à une mauvaise appréciation du contexte avant l'évènement, comme par exemple sur la compétence des personnes qui n'ont pas su prévoir un évènement (un diagnostic médical, une crise économique ou sociale, un fait historique, etc.).
Le biais rétrospectif peut être réduit si l'on prend la peine d'analyser en détail d'autres scénarios qui auraient pu survenir, à partir des données qui étaient connues avant la survenue de l'évènement.
Dans les médias, cela se traduit par la tendance à rechercher et à mettre en avant ceux qui avaient prévu un évènement inattendu :
- une élection surprise,
- une attaque terroriste,
- une crise économique,
- un scandale financier,
- une défaite sportive imprévue.
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