Les sondages :

Nous savons bien ce que vaut une opinion. Finalement pas grand-chose, et certainement rien de bien sérieux.
Partant de là, l'idée de mesurer l'Opinion, la moyenne des opinions des individus d'une certaine population, et même avec toute la rigueur des mathématiques, ressemble plus à une absurdité qu'autre chose. Pourtant à la vue des sommes considérables qui y sont consacrées, cette Opinion semble tout de même fort intéressante.

Nous savons déjà comment cette chose aussi volatile que l'OpinioN, peut être façonnée, manipulée, formatée... et nous en devinons généralement l'intérêt. Les sondages permettent déjà de contrôler comment se déroule ce travail de formatage.
Nous savons aussi, en fonction de la question qui est posée, du contexte du moment, et autres ficelles... comment on peut faire dire ce qu'on veut ou presque à un sondage, même s'il est fait dans les plus strictes règles de l'"art".
Nous savons enfin que n'importe qui peut se payer un sondage, et que les résultats ne sont pas obligatoirement publiés. Et pour cause.

Il n'empêche que nous sommes perpétuellement sondés de tous les côtés, et nous avons même fini par juger cette pratique normale. Il y a longtemps que je dis que nous sommes gravement malades.
De plus, le pékin moyen (vulgum pecus, citoyen lambda) semble maintenant très intéressé par cette fameuse Opinion. Sur n'importe quel sujet, il veut savoir ce qu'ON en pense... comme si ça allait l'aider à penser.
Les tempéraments inquiets se sachant dans la majorité (la norme) seront rassurés, et les esprits paresseux confortés sur leur position. Au contraire, le récalcitrant en position minoritaire sera dissuadé de défendre sa position, il se dira alors : "à quoi bon ?"

Ces conséquences seront dommageables pour la réflexion et la progression des idées, et en y réfléchissant un peu plus, pour la véritable démocratie.